lundi 28 avril 2025
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Tout juste investi président, Javier Milei promet à l’Argentine un « choc » d’austérité

Sitôt après avoir prêté serment, l’ultralibéral Javier Milei a annoncé ce dimanche 10 décembre devant une foule de partisans réunie devant le Parlement argentin que la situation économique dans le pays allait « empirer » à court terme pour mieux se redresser.

« Il n’y a pas d’alternative à un ajustement, il n’y a pas d’alternative à un choc » en matière budgétaire, car « il n’y a pas d’argent ! », a lancé Javier Milei devant le Parlement où il venait d’être investi. « Nous savons que la situation va empirer à court terme. Mais après, nous verrons les fruits de nos efforts », a-t-il ajouté dans un discours offensif, promettant de « prendre toutes les décisions nécessaires pour régler le problème causé par 100 ans de gaspillage de la classe politique », « le pire héritage » jamais reçu par un gouvernement.

Face à lui, une mer ciel et blanc de plusieurs milliers de partisans, dominés par drapeaux argentins et maillots de la sélection, acclamait ses interventions, aux cris de « Libertad, Libertad », et « Motosierra ! » (tronçonneuse), en référence à l’outil qu’il a brandi en campagne, pour symboliser les coupes à venir dans l’État ennemi.

À la mi-journée, Javier Milei, 53 ans, est devenu le douzième président de l’Argentine depuis le retour de la démocratie il y a 40 ans, jurant devant les parlementaires d’honorer la charge de président et revêtant l’écharpe présidentielle ciel et blanc. Son investiture a eu lieu en présence de plusieurs dirigeants ou politiciens nationalistes qui avaient accueilli son élection avec enthousiasme : l’ex-président d’extrême droite brésilien Jair Bolsonaro, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le chef de la formation espagnole d’extrême droite Vox, Santiago Abascal. Étaient aussi présents le roi d’Espagne Felipe VI, l’Uruguayen Luis Lacalle Pou, le Chilien Gabriel Boric, le Paraguayen Santiago Peña, ainsi que l’Ukrainien Volodymyr Zelensky, avec qui Javier Milei a eu une longue accolade sur les marches du Parlement.

Des ajustements douloureux

Élu député en 2021, cet économiste connu depuis des années comme polémiste prisé des plateaux TV a balayé les blocs péroniste (centre-gauche) et de droite, qui alternaient au pouvoir depuis 20 ans, avec un message dégagiste. Le 19 novembre, il a signé une victoire retentissante au second tour de la présidentielle face au ministre de l’Économie centriste sortant, Sergio Massa, avec 55,6% des voix.

Troisième économie d’Amérique latine, mais engluée dans une inflation chronique, à 143% sur un an, un endettement structurel, et 40% de pauvreté, l’Argentine se prépare à des ajustements douloureux. Javier Milei a indiqué qu’il convoquerait dès les prochains jours une session extraordinaire du Parlement pour présenter un premier bloc de lois. Une incertitude demeure sur ses premières mesures concrètes : dévaluation du peso notoirement surévalué ? Premières coupes budgétaires, notamment les chantiers publics ? Restriction, voire interdiction d’émission monétaire ? Le chef de l’État a réaffirmé ce dimanche que le premier objectif concret sera une réduction de 5% du PIB du déficit budgétaire, qui « tombera sur l’État, pas le secteur privé ».

Certaines postures controversées prises lors de sa campagne restent en revanche pour l’heure hors-champ : son opposition à l’avortement légalisé en 2021, ou son déni du changement climatique comme « responsabilité de l’homme ».

M. B.