Stockholm devrait prendre ses distances avec l’YPG, milice kurde des Unités de protection du peuple en Syrie. Voilà ce qu’a déclaré le nouveau ministre des Affaires étrangères suédois ce samedi 5 novembre, avant la visite en Turquie, mardi, du Premier ministre Ulf Kristersson. Le geste est voué à amadouer Ankara, qui bloque depuis mi-mai l’entrée de la Suède dans l’Otan. La Turquie demande à la Suède l’extradition d’un certain nombre de personnes qu’elle considère comme terroristes et c’est toute la communauté kurde de Suède, forte de 150 000 personnes, qui se sent prise en otage. Reportage au centre culturel kurde de la capitale suédoise.
M. Bubbé accueille les visiteurs avec un thé. Au sol, un tapis du Rojhelat, le Kurdistan iranien, et sur les étagères, des livres kurdes, dont certains interdits en Turquie.
Arrivé en Suède dans les années 1980, Kurdo Baksi est journaliste.
« J’ai vu la liste, les noms des 33 individus que la Turquie demande à la Suède d’extrader. Je les connais tous. Il y a dix Kurdes, 23 Turcs et quatre cas de figures : des militants politiques de la cause kurde ; des gens liés à l’organisation Gülen ; des journalistes ; des membres de la gauche turque et quelques criminels bien réels. Cette liste, c’est comme le goulasch, la soupe hongroise, un mélange d’éléments différents mis ensemble, tous taxés de « terroristes. »
Trente-huit familles kurdes ont aussi vu tout d’un coup leur dossier de citoyenneté ou de permis de résidence suspendu.
« Déçue », Sabahat Karaduman, dentiste d’origine kurde, estime que la Suède courbe l’échine face au chantage turc.
La Suède devrait dire à la Turquie : « Arrêtez ! Nous avons notre définition du terrorisme et des droits de l’homme. Si ces gens sont considérés comme terroristes selon notre Constitution, alors nous ferons quelque chose. »
Après avoir ré-autorisé les ventes d’armes à la Turquie, la Suède verbalise aujourd’hui sa prise de distance avec les Kurdes de Syrie.
C. M.