vendredi 22 novembre 2024
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Venezuela : les côtes touristiques du nord-ouest touchées par une marée noire

Une pollution pétrolière affecte depuis plusieurs jours la pêche et le tourisme sur la côte nord-ouest du Venezuela, dont les plages sont touchées par des nappes de pétrole.

À Puerto Cabello, dans l’État de Carabobo, au nord-ouest du pays, près de la raffinerie El Palito, l’une des plus importantes de l’ancienne puissance pétrolière, de grandes taches sombres salissent le sable et les rochers.

Selon le chercheur en environnement Eduardo Klein, une « énorme marée noire » équivalant à « 225 km² de dégâts (37 000 terrains de football !) » a été repérée dans la zone, a-t-il écrit sur X, publiant aussi des images satellites.

La compagnie pétrolière publique Petróleos de Venezuela (PDVSA) n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat.

« Cela fait maintenant huit jours que nous sommes pratiquement au chômage technique parce que nous ne pouvons pas sortir pour pêcher (…) Il y a encore du pétrole à l’extérieur » au large de Puerto Cabello, a déclaré lundi à l’AFP Antonio Giusti, un pêcheur local.

La nappe, si elle n’est pas contenue, pourrait menacer deux parcs marins peuplés de coraux, mangroves et prairies marines. Le biologiste marin vénézuélien Eduardo Klein travaille à l’université de Tasmanie en Australie, mais il suit, grâce aux cartes satellites de l’agence européenne Copernicus, la situation sur le terrain. Il décrit la situation.

« Ce déversement de pétrole est de grande ampleur. Pour vous faire une idée : d’après l’image satellite la plus récente, la nappe de pétrole s’étend sur 300 km² en mer. Cela équivaut à trois fois la superficie de Paris. Ce qui se dit sur place, c’est que c’est dû à une fuite sur un oléoduc terrestre qui relie la raffinerie à une centrale thermoélectrique pour l’alimenter en combustible extra-lourd. Ce n’est pas la première fois qu’il y a un déversement de pétrole dans cette zone. Il y en a déjà eu un en décembre 2023 et un autre en juillet 2020. Les accidents pétroliers sont d’autant plus fréquents que les installations ne sont pas bien entretenues, et c’est le cas au Venezuela. Le pays a réduit les investissements et l’entretien des infrastructures pétrolières et le résultat, on l’a vu lors d’autres accidents, c’est que l’industrie n’est pas capable de contenir les fuites par manque de personnel et de matériels. »

La raffinerie de El Palito avait déjà provoqué un épisode de pollution fin 2023, PDVSA parlant alors « d’hydrocarbures, d’eaux usées ou d’effluents qui se sont déversés dans l’environnement marin ».

Le Venezuela, qui possède parmi les plus grandes réserves de pétrole au monde, a vu sa production chuter de 3 millions de barils par jour il y a plus de dix ans à 400 000 en 2020 en raison de la corruption, de la mauvaise gestion et des sanctions américaines. Sa production se rapproche aujourd’hui du million de barils par jour. L’appareil de production est en très mauvais état, de l’avis de nombreux spécialistes.

M. B.