jeudi 17 octobre 2024
Accueil > A la UNE > Xi Jinping-Joe Biden : un premier face-à-face au G20

Xi Jinping-Joe Biden : un premier face-à-face au G20

Joe Biden et Xi Jinping se rencontrent ce lundi à Bali au sommet du G20, pour la première fois « physiquement » depuis l’arrivée du démocrate à la Maison-Blanche en 2021.

Pas d’avancées très concrètes à attendre, mais l’affichage d’une volonté de « garder les canaux de communication ouverts », au moins côté américain : Joe Biden et Xi Jinping se rencontreront ce lundi à Bali au sommet du G20. Avec un président chinois qui a limité ses sorties du pays, ce sera leur première rencontre en personne depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche début 2021. La rencontre a pour objectif de « réduire les malentendus » et de « gérer de manière responsable la concurrence » entre les deux superpuissances, a indiqué jeudi un représentant de l’administration Biden. « Ce que je veux faire avec lui lorsque nous nous parlerons, c’est définir les lignes rouges », déterminer si les intérêts critiques des deux pays « sont ou non en conflit les uns avec les autres », « et si c’est le cas, [trouver] comment résoudre le problème », avait aussi expliqué la veille Joe Biden.

Tensions sur Taïwan

La rencontre inter vient à un moment important pour les deux chefs d’Etat : Joe Biden sort renforcé par les résultats des élections de mi-mandat tandis que le XXe congrès du Parti communiste chinois a consacré la toute-puissance de Xi Jinping à la tête de la Chine. « La rencontre Xi-Biden est un signal positif en soi », indique le quotidien nationaliste chinois « Global Times », notant que les relations sino-américaines « rencontrent des difficultés sans précédent ». Pékin a également « ses lignes rouges », prévient le journal dans un éditorial. Et le principe d’une seule Chine est une « ligne rouge » insurmontable. Les tensions ont encore grimpé d’un cran ces derniers mois entre les deux pays. En août, la visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a donné lieu en réponse à une démonstration de force de l’armée chinoise dans le détroit de Taïwan. Une riposte toujours jugée « inappropriée et excessive », pour le responsable de l’administration jeudi. Mais Joe Biden, qui avait assuré à plusieurs reprises que les Etats-Unis interviendraient militairement en cas d’attaque de leur partenaire, a veillé à ne pas rouvrir ce front lors de ses propos à la presse mercredi. Pékin et Washington ont de multiples sujets de contentieux : au nom de la lutte contre le travail forcé, les Etats-Unis interdisent depuis cet été des importations en provenance de la province chinoise du Xinjiang. Une ingérence aux yeux de Pékin. Surtout, l’administration Biden a annoncé début octobre un contrôle accru des exportations de composants ou de logiciels (et même des personnels) entrant dans le processus de fabrication des puces. L’administration Biden s’est défendue jeudi d’une mesure de « confinement » de l’industrie chinoise, citant « une approche ciblée, motivée par des inquiétudes en matière militaire et de sécurité nationale ».

Pour faire bonne mesure, Washington a pointé des éléments positifs côté chinois ces derniers mois, en jugeant que Pékin n’a pas tenté, sur le dossier ukrainien, de contourner les sanctions contre la Russie. Mais Joe Biden voudrait que la Chine aille plus loin, en prenant ses distances avec Moscou. La question du commerce sera évoquée, alors que l’administration Biden n’a pour l’instant pas bougé sur les droits de douane imposés par Donald Trump. Une décision sur le sujet n’est toutefois pas à attendre, a indiqué le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan. Les Etats-Unis veulent aussi « sortir de cette rencontre avec des domaines où les deux pays et les présidents et leurs équipes peuvent travailler dans la coopération sur des questions de fond », a indiqué ce dernier. A la COP27, le président américain a notamment appelé « tous les pays à faire plus » dans la lutte contre le changement climatique. Xi Jinping doit également rencontrer Emmanuel Macron à Bali, a fait savoir Pékin. Cette rencontre pourrait préfigurer une visite du chef de l’Etat français en Chine, actuellement en discussion. Selon nos informations, les autorités chinoises ont proposé au chef de l’Etat français de se rendre début janvier à Pékin mais la décision n’est pas prise côté français. Après le G20, Xi Jinping et Emmanuel Macron se rendront en Thaïlande pour participer au sommet du forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec).

M. B.